Imaginez que vous portiez tous des lunettes avec des verres teintés. Chaque couleur déterminerait la manière dont vous percevez le monde. Ce que vous verrez dépendra de la teinte de vos lunettes. Peut-être que l’un de vous voit le monde à travers des verres roses, pleins de possibilités et de positivité, tandis qu’un autre porte des lunettes teintées de gris, ce qui rend tout autour de lui plus sombre et incertain. C’est exactement ce que représentent nos représentations mentales : elles sont comme ces lunettes, façonnant la vision que nous avons du monde et nous influençant sans que nous en soyons souvent conscients.
Qu’est-ce qu’une représentation mentale ?
Une représentation mentale est une construction de l’esprit. Il s’agit d’une image, un concept ou une idée que notre cerveau forme pour représenter et organiser les informations que nous percevons du monde. Elle est le résultat de nos expériences passées, de nos croyances, de notre éducation, et même de la culture dans laquelle nous avons été immergés. C’est un modèle intérieur que nous avons créé pour comprendre le monde. Les représentations mentales nous aident à interpréter ce que nous voyons, entendons et vivons. Elles jouent un rôle important pour nous permettre de prendre des décisions rapidement, mais elles ont aussi un revers : elles sont souvent limitantes, subjectives, et peuvent nous piéger dans une vision étroite de la réalité.
Pourquoi avons-nous des représentations mentales ?
Les représentations mentales sont, avant tout, un moyen de simplifier la complexité de la vie. Elles servent de raccourcis mentaux qui permettent à notre cerveau de traiter rapidement et efficacement une énorme quantité d’informations. Imaginez que vous deviez analyser chaque situation comme si vous la rencontriez pour la première fois, sans aucun point de référence. Votre cerveau serait submergé de données à traiter, et chaque action, même les plus simples comme traverser une rue ou choisir un aliment, deviendrait un défi insurmontable. Notre esprit crée donc des raccourcis cognitifs, des cadres de référence, pour comprendre et réagir rapidement aux situations.
Ces cadres sont construits par des influences multiples : notre éducation, les expériences marquantes de notre vie, nos valeurs, nos croyances, et les messages que nous recevons des figures d’autorité et des médias. Par exemple, si un enfant grandit dans un environnement où il entend constamment que « le monde est un endroit dangereux », il peut développer une représentation mentale de méfiance, ce qui le poussera à se méfier des inconnus et à éviter les nouvelles expériences toute sa vie.
Exemple : les réactions face aux aboiements
Imaginez deux personnes qui se promènent dans une rue lorsqu’elles entendent soudainement des aboiements. L’une sourit et pense à son chien adoré qui l’attend à la maison. L’autre se raidit et accélère le pas, son cœur battant plus vite, se rappelant d’un incident où elle avait été mordue lorsqu’elle était enfant. Bien qu’elles se trouvent dans la même situation, c’est-à-dire confrontées à l’aboiement, leur réaction diffère totalement en raison de leurs représentations mentales respectives. Leur esprit a filtré la réalité et l’a colorée d’expériences personnelles, générant une réaction automatique.
Chaque individu vit sa propre réalité, teintée par ses expériences, ses croyances et ses émotions. Ainsi, deux personnes peuvent vivre le même événement tout en en ayant des réactions diamétralement opposées.
L’impact des représentations mentales sur nos relations et nos décisions
Nos représentations mentales influencent la façon dont nous interagissons avec les autres, que ce soit au travail, en famille ou en société. Par exemple, imaginez un employé qui est convaincu que « son patron ne l’aime pas ». Cette croyance influencera la façon dont il interprète chaque interaction : un conseil pourrait être perçu comme une critique, un regard distrait comme une preuve de désintérêt.
Ou encore, si une personne se perçoit comme peu compétente ou indigne d’amour, elle interprétera les compliments ou les gestes de bienveillance avec scepticisme ou incrédulité. Inversement, si elle croit que certaines personnes sont fondamentalement hostiles ou mal intentionnées, elle aura tendance à interpréter leurs actions avec méfiance, même en l’absence de preuves. Ces représentations mentales façonnent l’interprétation des événements, et parfois, elles deviennent une prophétie autoréalisatrice, créant des tensions là où il n’y en avait peut-être pas.
Les représentations habilitantes et paralysantes
Toutes les représentations mentales ne sont pas négatives. Certaines nous motivent, nous poussent à nous améliorer et à agir avec confiance. Par exemple, une personne qui croit qu’ « elle peut apprendre de ses erreurs » est plus encline à relever des défis et à essayer de nouvelles choses, même si elle échoue parfois. Cette représentation est habilitante : elle l’aide à avancer.
En revanche, d’autres représentations sont paralysantes. Elles nous limitent, nous font douter de nos capacités et nous empêchent de saisir des opportunités. Par exemple, quelqu’un qui pense qu’ « il n’est pas assez intelligent pour réussir » se restreint de lui-même. Il évitera des situations où il pourrait apprendre ou grandir, simplement parce que sa représentation mentale lui dicte qu’il n’en est pas capable.
Comment transformer nos représentations mentales ?
- Prendre conscience des représentations existantes : la première étape est de prendre conscience de nos schémas mentaux. Posez-vous des questions comme : « Quels sont les croyances que j’ai sur moi-même, les autres, et le monde ? » ou « Comment ces croyances influencent-elles mes réactions et décisions ? ». Observer vos réactions et identifier les pensées automatiques qui en résultent vous aidera à comprendre les représentations qui les sous-tendent.
- Remettre en question les croyances limitantes : après avoir identifié une croyance limitante, remettez-la en question. Demandez-vous : « Est-ce véritablement fondé ? », « Quelle est la preuve qui soutient cette croyance ? », « Est-ce qu’il y a des situations où elle a été contredite ? ». Cela aide à se rendre compte que beaucoup de nos représentations ne sont que des constructions, et non des vérités absolues.
- Remplacer les représentations paralysantes par des représentations habilitantes : une fois que vous avez remis en question vos représentations limitantes, remplacez-les par des croyances qui vous aident. Cela concerne spécifiquement les représentations qui vous paralysent, celles qui freinent votre épanouissement personnel et professionnel. Ainsi, au lieu de penser « je ne suis pas assez bon », essayez de croire que « je peux m’améliorer avec de la pratique ». Cela permet de créer de nouveaux cadres mentaux qui vous poussent à avancer.
- Pratique consciente : le changement ne se fait pas du jour au lendemain. Cela nécessite de la pratique et de la persévérance. Utilisez des affirmations positives pour renforcer les nouvelles représentations mentales et entourez-vous de personnes qui encouragent une vision positive et habilitante de la vie.
Conclusion : Enlevez les lunettes qui vous limitent
Nos représentations mentales sont puissantes. Elles influencent la manière dont nous percevons le monde, dont nous réagissons aux situations et même notre capacité à atteindre nos objectifs. En prenant conscience de leur existence et en choisissant délibérément de les transformer, nous pouvons changer la façon dont nous voyons le monde, et par conséquent, changer notre expérience de vie. Retirer les lunettes qui nous limitent est un premier pas vers la souveraineté de soi – une vie où nous ne sommes plus prisonniers de nos anciens schémas, mais maîtres de notre propre vision du monde.
Ibrahima Djibrilla
Entrepreneur, Coach et Auteur